Le 9 juillet 1918, une tragédie majeure a frappé Nashville, Tennessee, lorsqu’une collision frontale entre deux trains de voyageurs du Nashville, Chattanooga and St. Louis Railway a causé la perte de plus d’une centaine de vies et blessé. Ce désastre, comparé à celui de Malbone Street la même année, demeure l’un des accidents ferroviaires les plus graves de l’histoire des États-Unis.
Les évènements :
Deux trains se dirigeant en sens opposé
Le matin du 9 juillet, le train de voyageurs numéro 4 du Nashville, Chattanooga et Saint-Louis (NC & StL), qui aurait dû quitter Union Station à Nashville à 7 heures en direction de Memphis, a démarré avec un retard de sept minutes. Ce train était conduit par la locomotive numéro 282, pilotée par Dave C. Kennedy et chauffée par Luther L. Meadows, et comprenait deux fourgons, postal et à bagages, ainsi que six voitures à caisse en bois, dont une avec un fumoir.
Pendant ce temps, le train de voyageurs numéro 1 en provenance de Memphis et Saint-Louis, tiré par la locomotive numéro 281 pilotée par William F. Loyd et chauffée par Tom Kelly, se dirigeait vers Nashville, prévu pour arriver vers 7 heures 10.
Engagés sur une même voie ferroviaire
Après avoir quitté Union Station, la ligne vers Jackson et Memphis était initialement à double voie sur environ seize kilomètres, puis passait à une voie unique à partir de la bifurcation des Ateliers2. Des évitements étaient disponibles le long du parcours, le premier étant situé à Harding, environ six kilomètres plus loin.
À l’approche de la bifurcation, Kennedy, mécanicien du train no 4, a signalé pour obtenir la voie à Johnson, l’agent de service au poste d’aiguillage. Initialement autorisé, Johnson a rapidement réalisé que le train no 1 n’avait pas encore été enregistré dans le registre des circulations, indiquant qu’il se trouvait toujours sur la voie unique. Après confirmation par le dispatcher, Johnson a tenté en vain de stopper le train no 4 avec un sifflet d’alerte, mais le train n’a pas répondu et a continué sa route.
Et le choc…
Les deux trains circulaient à une vitesse estimée entre 80 et 95 km/h lorsqu’ils se sont rencontrés à trois kilomètres de la bifurcation, dans une courbe prononcée entourée de champs de maïs, connue sous le nom de courbe du Hollandais. Un passager a rapporté que le mécanicien du train n°1 avait longuement actionné son sifflet avant la collision. Au moment de l’impact, les deux locomotives ont déraillé de chaque côté de la voie, tandis que les premières voitures des deux trains se sont encastrées l’une dans l’autre, les structures métalliques lourdes perforant et éventrant les caisses en bois. Par la suite, la voiture-fumoir du train n°4 a été gravement endommagée par le fourgon à bagages du train n°1, provoquant des dommages considérables aux voitures suivantes.
Un bilan désastreux et le secours de nombreuses personnes
Le bruit de la collision, qui ressemblait à une explosion, résonna sur plusieurs kilomètres aux alentours. Étant près de la route de Harding8, les premiers secouristes arrivèrent rapidement en voiture pour combattre l’incendie et aider les victimes. Des trains spéciaux furent dépêchés sur les lieux, transportant environ une centaine de secouristes, y compris la veuve du président de la compagnie, John W. Thomas, qui apportait des pansements et prodiguait des soins aux blessés elle-même.
Les victimes, souvent difficiles à identifier, furent placées dans des cercueils et transportées en ville sur des camions jusqu’aux dépôts mortuaires des entreprises de pompes funèbres. En raison de la ségrégation, les morgues étaient séparées pour les Noirs et les Blancs, mais certains médias ont souligné que la solidarité face à la tragédie pouvait transcender les différences raciales. Un porteur noir, membre éminent des Knights of Pythias, fut même honoré d’une notice nécrologique spéciale dans les journaux locaux.
Ainsi, selon les différents journaux qui ont rapporté l’événement, le nombre de décès a varié de 25 à 90, 115, 121, voire 150. L’enquête de l’Interstate Commerce Commission, concluant officiellement à 101 morts et 171 blessés, indique toutefois que ces chiffres pourraient être sous-estimés. Un décompte initial effectué le lendemain du drame dans les morgues et les hôpitaux révélait déjà 50 blancs et 65 noirs décédés.