Depuis l’autorisation de la PMA pour toutes les femmes en 2021, c’est la première fois que le nombre de donneurs de sperme diminue en France.
En 2023, pour la première fois depuis l’autorisation de la PMA pour les femmes seules et les couples de femmes en 2021, le nombre de donneurs de sperme en France a diminué, passant de 714 en 2022 à 676. Cette tendance contraste avec une demande croissante pour ces dons, comme l’indique Marine Jeantet, directrice générale de l’Agence de la biomédecine, qui souligne le besoin urgent de doubler ce nombre pour répondre adéquatement à la demande, fixée à au moins 1 400 donneurs par an.
La demande a augmenté de manière exponentielle, multipliant par 8,5
Depuis 2021, le nombre de demandes d’assistance médicale à la procréation (AMP), anciennement PMA, a explosé. Marine Jeantet souligne qu’avant la modification de la loi, environ 2 000 couples hétérosexuels faisaient appel à l’AMP chaque année, et pas tous nécessitaient des spermatozoïdes. Depuis lors, la demande a été multipliée par 8,5.
Entre 2021 et 2023, environ 35 000 demandes de première consultation pour une assistance médicale à la procréation (AMP) avec don de spermatozoïdes ont été enregistrées de la part de couples de femmes et de femmes seules. Rien qu’en 2023, près de 13 000 de ces demandes ont été comptabilisées. Il est important de noter qu’un seul don de spermatozoïdes peut conduire à un maximum de dix naissances.
Un besoin d’informations
La faible participation au don de sperme peut s’expliquer en grande partie par un manque de sensibilisation et d’information. Alors que la PMA est largement connue comme étant accessible aux femmes seules et aux couples de femmes, il est souvent négligé qu’elle dépend également de donneurs de sperme, comme le rappelle Marine Jeantet. Contrairement aux campagnes établies pour le don de sang ou d’organes, celles pour le don de gamètes ne sont que récentes, avec seulement 2 ou 3 ans d’existence.
Selon un baromètre réalisé par l’Agence de la biomédecine en mai 2024, moins d’un Français sur quatre (23 %) interrogé se considère bien informé sur le don de gamètes. Deux tiers des sondés (66 %) estiment avoir besoin de davantage d’information et de sensibilisation, notamment sur la pénurie de donneurs, le nombre de personnes en attente, et sur l’utilisation des dons.
Une participation moindre des hommes par rapport aux femmes
Un obstacle potentiel au don de gamètes, évoqué précédemment, est la levée de l’anonymat, qui semble dissuader 33 % des hommes interrogés de faire un don. Cependant, selon la directrice de l’Agence de la biomédecine, cette mesure n’a pas entraîné de diminution des dons depuis sa mise en œuvre en 2021. Elle souligne que l’accès aux origines génétiques ne confère pas de droits parentaux, en vertu du droit clair en vigueur.
En effet, les enfants ne peuvent pas exiger que leur géniteur les reconnaisse. Marine Jeantet précise que souvent, ils cherchent simplement à connaître leurs ressemblances ou à obtenir des informations sur leurs prédispositions génétiques.